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En Belgique la loi qui régit les comportements liés à l’usage de drogues date de 1921. Certes elle a fait l’objet de quelques modifications, pour notamment autoriser l’échange de matériel stérile ou encore pour opérer une distinction entre drogues douces et drogues dures. Mais l’esprit de la loi n’a jamais été modifié, il demeure répressif à l’égard des consommateurs tandis que tout le monde s’accorde pourtant à reconnaître l’usage de drogues comme un enjeu de santé publique avant tout.
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1921-2021, près de cent ans de criminalisation des usagers de drogues est un bien funeste anniversaire que nous ne souhaitons jamais fêter. Comment serait-il en effet possible d’envisager, sans rien faire, célébrer une volonté législative dont les protagonistes n’imaginaient certainement pas qu’elle puisse perdurer jusqu’à ce nouveau millénaire. Jusqu’à une époque où la société n’a presque plus rien en commun avec celle de nos ancêtres.
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En 1921, les usages de stupéfiants et le trafic de drogues étaient sans commune mesure avec ce que nous connaissons aujourd’hui. Le législateur pensait, sans doute de bonne foi à l’époque, pouvoir contrôler ces phénomènes marginaux par l’interdit. Nous savons maintenant qu’il s’agissait d’un vœu pieu puisque, malgré les bonnes intentions, le marché des drogues connaît un essor considérable depuis le début des années soixante. La consommation également.
Mais le plus grand échec de la prohibition réside probablement dans son incapacité à offrir une réponse adaptée en termes de protection et de responsabilisation des consommateurs, d’assistance aux personnes souffrant d’une dépendance aux drogues illicites.
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Un détenu sur trois est incarcéré pour des faits liés à sa consommation de stupéfiants. Sur l’ensemble de la population carcérale les usagers de drogues représenteraient 50%.
La prévention et la Réduction des risques sont les parents pauvres des politiques menées pour appréhender les drogues. Ces champs d’intervention sont en effet sous financés, avec seulement 4 % du budget global consacré à la lutte contre les drogues et leurs trafics.
Bien que la santé publique soit mise en avant dans les discours, c’est donc toujours une logique répressive qui prime.