“La criminalisation aggrave le non-accès aux soins et l’exclusion sociale des usagers de drogues. Elle accroît la crainte à l’égard des institutions et des associations. Pour renforcer le recours et l’accès aux soins, la décriminalisation est une nécessité.”
En octobre 2017, à l’initiative du Forum – Bruxelles contre les inégalités, le Laboratoire de l’intervention sociale a réuni 40 spécialistes belges et français. Au départ de leurs préoccupations et de leurs réalités de terrain, ils ont imaginé des chantiers à mettre en œuvre pour combattre le non-recours. Ces délégations, aux profils et origines variés, ont travaillé durant 4 journées à élaborer 20 propositions de chantiers. Celles-ci ont été présentées, puis retravaillées et étoffées avec 300 participants, lors de la journée publique du 20 octobre 2017.
En croisant les regards, les analyses et les pratiques, cette semaine de rencontres et d’échanges visait à amener les intervenants à s’interroger et à repenser les contours des dispositifs. L’intention était de contribuer à la mise en œuvre des politiques sociales et de santé. C’est ainsi que sont nées 20 pistes de travail, basées sur l’intelligence collective, qu’il est proposé de découvrir dans la publication ci-jointe, réalisée par Le Forum, en collaboration avec le Conseil Bruxellois de Coordination Sociopolitique. Ces propositions ont pour ambition de renforcer le travail social. Elles défendent les dynamiques de l’espoir, le dialogue d’égal à égal, la valorisation du savoir expérientiel des publics et des professionnels.
Ces propositions sont à considérer comme autant de chantiers à ouvrir. A un an des élections régionales à Bruxelles, chacune d’entre elles sonne comme un levier politique pour œuvrer à la transformation sociale. Nous espérons que les responsables politiques y verront un mémorandum qui pourra les inspirer dans l’élaboration des programmes politiques à venir, afin de répondre au plus près aux besoins de ceux qui, dans nos quartiers, vivent la pauvreté.
La proposition 20, que vous trouverez page 62, concerne la décriminalisation des usagers de drogues. Extrait :
Aujourd’hui, il est nécessaire de décriminaliser les comportements de divers publics, en ce que cette criminalisation insécurise ces populations, et parmi elles, particulièrement les plus précaires. On perd la possibilité de diagnostiquer un virus qui serait porté par Pierre, Paul ou Jacques. On s’empêche de les aider à avoir des pratiques sûres avec des préservatifs, du matériel stérile d’injections. On s’interdit de prendre ces publics en charge, médicalement et socialement. La criminalisation aggrave leur non-accès aux soins et leur exclusion sociale. Elle accroit la crainte à l’égard des institutions et des associations. Pour renforcer le recours et l’accès aux soins, la décriminalisation n’est peut-être pas une innovation, mais est en tout cas une nécessité.
Téléchargez les 20 propositions de chantiers
En savoir plus : Le Forum